Fnac Talents On Off : récit d’enregistrement

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Fnac Talents On Off : récit d'enregistrement

Pendant un mois, notre journaliste Mathieu Dauchy est parti à la rencontre des plus passionnés des collaborateurs du groupe Fnac Darty sous la bannière Talents On Off, un projet cross-médias construit avec l’agence Reflets Vidéo. Voici le récit de son périple et de ses nombreuses et fantastiques rencontres :

Jour 1. Chambéry

Les derniers dizaines de kilomètres de la ligne Paris-Chambéry ont un air de déjà-vu : France 3 a fait 15 épisodes de Des Racines et des Ailes – Passion Patrimoine sur ces verts pâturages et ces lacs entourés de petites montagnes.

Je m’attendais à devoir prendre un tire-fesses pour aller de la gare à l’hôtel mais j’ai finalement utilisé un simple trottoir. Je n’ai eu aucun mal à localiser la Fnac dans le petit dédale pour débutant du centre piéton. À 15h, je rencontrai Christophe Augros devant son desk, entre les vinyles et les DVD, et à 15h30, il était presque déjà un copain. Sa passion pour la musique transpire de chacune de ses phrases, je suis convaincu qu’elle va contaminer les octets de l’enregistrement qui fut un plaisir à réaliser.

Avec du recul, c’est vrai que Chambéry ça sonne comme Chuck Berry.

Jour 2. Villefranche-sur-Saône

Le journal L’Équipe, qui retrace dans son édition du jour la saison catastrophique de l’Olympique Lyonnais, me donne à penser que j’arrive dans une ville sinistrée. À Lyon Part Dieu, mardi matin pourtant, les Lyonnais ne semblent pas abattus. Il fait déjà une chaleur de gone, c’est comme une chaleur de gueux mais en Rhône-Alpes. 

Fanny, la cadreuse du jour, m’attend devant sa Twingo Sport édition spéciale rallye de l’image pour un road trip vers Villefranche, en longeant la Saône. Je scrute le paysage à la recherche de châtaigniers dans l’unique but de pouvoir écrire “J’ai vu Sâone et Châtaignes, c’était l’Avventura”. Ce qui est maintenant accompli.

Notre destination est un magasin Darty où nous attend Rémy, notre portrait du jour, au cœur d’une forêt de téléviseurs en pleine démonstration de leurs plus éclatantes performances. Un instant, Fanny et moi nous croyons dans le multivers. 

Rémy est passionné par l’image et la technologie. Son enthousiasme est palpable quand il parle de (acronymes retranscrits de mémoire) QLED+, OLED Megatron Ultra, Super Pistoplasma Bright. Nous tournons quelques séquences en magasin, puis Rémy nous mène jusque chez lui, où nous découvrons son autre passion, le jeu vidéo. Dans sa pièce personnelle à la muséographie très photogénique, Rémy nous raconte la naissance de cette flamme avec une grande générosité, sa collection, son activité sur Twitch. Les images que réalise Fanny avec brio transpirent (il fait de plus en plus chaud) cette passion. 

Jour 3. Ivry

C’est toujours émouvant pour un provincial de «  » »monter » » » à Paris. La cohue, le brouhaha, la Présidence de la République… Paris fait la loi, mais dans la rue c’est quand même bien le bordel. 
L’heure est aux grands rendez-vous : au siège du groupe Fnac Darty à Ivry, un western (eastern, en fait) où ce sont les architectes qui se font face. Les immeubles sont des sièges numérotés, le plan de table y est très précis. 


Dans le vaste lobby de l’immeuble du groupe Fnac-Darty, l’équipe de la communication nous accueille, les deux vidéastes de Deux Mecs en Short (un seul d’entre eux porte un short ce jour-là hélas) et moi, avec une humanité qui contraste avec la minéralité du quartier. 

Nous faisons la rencontre de Corinne. Elle est la Daenerys Targaryen de l’immeuble : au lieu de Mother of Dragons, elle est Mother of Galatea, une magnifique Border Collie, chienne performeuse au poil soyeux et à l’œil vif qui vole immédiatement la vedette à sa maîtresse. Corinne a éduqué sa chienne avec beaucoup de patience et d’opiniâtreté, jusqu’à devenir championne de Dog Dancing et d’éducation canine. Le lien qu’elle est parvenue à créer avec sa chienne est très émouvant, et en quelques minutes, elles étalent leur amour avec plus de force que Shakespeare en trois actes. L’arrivée de Galatea au 6e étage du siège provoque une mini-émeute, un peu comme si Justin Bieber entrait soudainement dans la classe de maths du collège Matt Pokora de Strasbourg. La rencontre du jour est celle d’une équipe, d’une personne, d’un animal… Celle d’un lien exceptionnel qui a marqué tous ceux qui en ont été témoins. 

Jour 4. Biganos

Le lundi au soleil, c’est une chose qu’à Bordeaux on a souvent. Pour cette seconde semaine de Fnac Tour, direction le Sud Ouest pour se persuader que le rugby et le paquito ne sont pas les seuls hobbies régionaux. Biganos, petite ville accrochée au Bassin d’Arcachon, a sa zone commerciale et, en exclusivité, son magasin à la double identité Fnac / Darty. On y est accueilli chaleureusement comme dans une petite boutique de bourgade, on imagine aisément pouvoir y croiser des habitués au comptoir.

Accompagné des agiles vidéastes Gautier et Emma, je fais la rencontre de Jérémy, et sa carrure de pilier de rugby me fait soudain angoisser sur la qualité des questions que je vais devoir lui envoyer comme des ballons ovales. Cependant, l’homme s’avère aussi grand que sympathique. Après avoir shooté des images dans le magasin, ils nous mène jusque chez lui et nous découvrons son antre, le réduit savamment organisé d’où il publie des vidéos sur la culture manga. Son enthousiasme est tel qu’il nous donne envie instantanément de lire les 836 tomes de la saga Naruto (estimation personnelle). La culture japonaise a donc essaimé jusqu’à l’Océan Atlantique. Ce soir j’ai mangé des sushis, est-ce un réflexe pavlovien ? 

Jours 5 et 6. Bordeaux

Mardi 17 mai 2022, 9h30, je retrouve Emma, Gautier et leur équipement vidéo au seuil du dénommé Terry, pas du tout apeuré d’accueillir notre escadron et son armement filmique dans son appartement. Terry fait DU skate, mais il faut surtout DES skates : son salon est décoré de planches qu’il a customisées. Elles sont entières ou en morceaux mais sont toutes des pièces uniques, personnalisées à l’envi ou à la demande de clients. Ce sont principalement des personnages de mangas qui ornent ces planches transformées en objets d’art. Des planches à roulettes sans roulettes, c’est d’abord beaucoup moins dangereux et c’est surtout beaucoup plus original. 

Après l’interview passion dans son musée personnel, Terry nous guide jusqu’à la Fnac du centre de Bordeaux où il est connu comme le loup blanc et où le challenge pour lui sera de garder son sérieux pendant l’entretien tourné dans les allées du magasin, avec des collègues rieurs qui voltigent autour de nous. Il s’en sortira très bien. Pour les besoins de la vidéo, nous tournons des plans d’illustration de Terry en train d’effectuer ses tâches quotidiennes, gilet Fnac sur le dos. Et le voici en train de servir une cliente sur un jour de congé : la Fnac, un sacerdoce !

Le lendemain, c’est au Darty de Bordeaux Lac que j’ai rendez-vous mais comme il y a de la friture à un endroit ou l’autre sur la ligne, c’est au magasin Fnac que je me rends. Le “Lac” de Bordeaux-Lac existe vraiment, mais depuis les vitres du Tram on dirait plutôt un lac de béton. Celui-là même que je me retrouve à devoir traverser sous un soleil de plomb avec valise et sac à dos. Lorsque j’arrive enfin au Darty, c’est au rayon ventilateur que je me rends spontanément. Une fois sec, je rencontre Olivier, qui se confie à mon micro avec beaucoup de bienveillance et de générosité sur sa passion des jeux de société, au travers de laquelle on distingue nettement une passion pour l’humanité.

Bordeaux me recrache ensuite dans un TGV comme on recrache toujours lors d’une dégustation de vins. Pourtant l’ivresse est bien là, en témoigne le tournis des belles rencontres qui me saisit.

Jour 7 et 8. Luxembourg

Via Bruxelles depuis Lille, comptez plus de cinq heures de trajet si comme moi vous ratez votre correspondance à cause d’un retard qui prend sa source – c’est mon intuition – dans le Brexit. C’est donc un voyage des confins de l’Union Européenne vers son extrême centre que j’entreprends lundi midi. Le Grand-Duché de Luxembourg, c’est l’étranger, mais aussi l’étrangeté : une mixture familière de Belgique, d’Allemagne, de Pays-Bas et de France dotée d’une langue pareillement composée de bouts de néerlandais, d’allemand et de français. C’est le soldat inconnu de l’Europe, qui veille sur une économie largement basée sur la finance et l’argent.

En bon reporter de terrain, un rapide micro-trottoir (en fait une pause clope à l’heure de l’apéritif) me le confirme : « Good evening, may I ask you what you do for a living here in Luxemburg ? » demandais-je à deux personnes avec un accent soigné. « On travaille dans la finance » me répond cette Lorraine qui valide et clôt mon enquête, ainsi que mon bec.

L’étrangeté des lieux me poursuit jusque dans mon sommeil. L’appart’hôtel que j’occupe ce soir-là a la décoration la plus bizarre qui soit – si j’avais moins de 25 ans je dirais « complètement claquée au sol » – faite d’animaux en peluche enlacés dans un mouvement de célébration – ce sont leurs chapeaux pointus qui me font penser qu’ils fêtaient quelque chose.

Mardi, c’est à l’écart de la ville que j’ai rendez-vous, dans un magasin Nature et Découvertes dont l’humeur tranche avec les préoccupations financières de la ville. En bon directeur adjoint du magasin, Pascal Rithié s’occupe de chiffres lui aussi, mais il me faut peu de temps pour comprendre que ce qui l’anime, c’est avant tout la nature et les découvertes. Son témoignage est certainement le plus investi, le plus personnel de tous ceux que j’ai eu la chance de recueillir. Pascal me raconte la naissance de son roman avec la sincérité, l’émotion et la fragilité qui caractérisent ceux qui ont en eux des fleuves. Celui de Pascal est sinueux, fait de verbes et d’images, et dans cette remise où il se confie à moi, je sens que j’enregistre bien plus que sa voix, une part de son âme sortie des eaux.

Au Luxembourg finalement, on n’y trouve pas que des financiers et des cigarettes à bon prix. J’en repars avec un roman et des pages d’humanité.

 

Jour 9. Boulogne - Billancourt

Vendredi 10 juin 2022, Boulogne-Billancourt, extérieur jour. Je viens de capturer le dernier témoignage pour le projet Fnac-Darty, un mois pile après avoir débuté cette récolte de paroles passionnées et de talents dans toute la France.

De Chambéry à l’Ile-de-France, seul ou accompagné de vidéastes formidables, je me suis pris pour un journaliste, on m’a pris pour un sociologue, mais j’ai toujours été reçu avec la plus grande bienveillance.

En onze rencontres et près de 6000 kilomètres parcourus – dont 5000 en train ! – j’ai vu se dessiner une France ardente des enthousiasmes les plus divers. J’ai conscience de ce privilège d’avoir été le réceptacle de ces passions, d’assister à ce quotidien réhaussé d’un grain de sel si important. Christophe, Corinne, Anne-Claire, Pascal, Jérémy, Christian, Olivier, Rémy, Jean, Emmanuel et Terry vivent un peu plus fort que la moyenne. Je les remercie infiniment de m’avoir fait profiter de leur rayonnement personnel. À leur contact, j’ai pris autant de couleurs que lors de la dernière semaine de tournage, qui s’est déroulée entre Nice, Vitrolles et Marseille.

Puissent ces couleurs se refléter dans les images et les sons enregistrés, et rejaillir sur leurs auditeurs et spectateurs.